[1] il ne faut point Se flatter trop ou S’aveugler, dix mille
hommes sont a peu pres tout Le monde, que nous pouvons avoir
à Quebec pour ne degarnir pas trop Montreal et Les Environs
qui auront peutestre Et Comme immanquablement à soute
[5] nir Contre un autre party dennemis, et Considerable qui ~
viendra par en Haut Il faudra partager Ces dix mille homme
il en faudra dans Les Cotes La ville à beauport à la
pointe de Levy devant La ville du Cote de St michel à la
petite rivière Les differents Camps ne seront donc pas
[10] bien nombreux ~ mais me direz vous on se prestera aisement
secours Mais si on attaque partout en meme temps ce sera
au plus fort La poche et si Lorsque Lon aura quitté son
poste pour prester secours au party voisin, Lennemy vient
par cet endroit et profite de labscence pour Entrer dans
[15] Laville elle sera prise de plus nos Soldats Sont ils assez
aguerys pour soutenir un feu Continuel sans trembler sans
Lacher le pied sans S’ennuyer Ce sont des habitants il y faut
penser ils se batteroient bien fermement appuyé d’une arbre
dun Fossé ou d’une Haye, mais Les bois ne sont plus si ~
[20] fourny aux Environs de Quebec comme ils estoient autre
fois il faudra faire tete il en moura bien de nostre
Costé aussy bien que du coté de lennemy Il en tombera
beaucoup malades de fatigues nuit et jour. Il en desertra
peutestre aussy quelqu’uns, d’ou Les remplacer. il ne faud
[25] roit point tant de fatigues si nous avions des murailles La
ville se garderoit toute seul et on ne feroit des attaques que
meditées, on Se trouveroit toujours prests à resister quand
il faudroit on pouroit quelquefois lacher Le pied sans aucun
danger pour attendre Lennemy dans un lieu de sureté ou on
[30] Le battroit surement Sans beaucoup s’exposer. Je laisse à juger
de tout Cela à Ceux qui cognoissent Les ruses Les travaux
Les fatigues Les dangers et Les malheurs de la guerre
Et qui cognoissent mieux que moy Le genie des habitants
qui Sont Le plus grand nombre de nos soldats Je doute
[35] fort que Ceux qui Craignent aujourdhuy de mettre quelque
pistoles pour se mettre en sureté par de bonnes fortifications
ne senfuient dans Les bois pour sauver leur buttin et ne
nous laisse ycy dans Lembarras.
Mais me direz vous si les Ennemis prennent La ville fortifiée
[40] on ne poura plus La reprendre sur eux Ce qu’on pouroit aisement
si elle ne Lestoit pas. Et si ils La prennent ne pouront ils pas
bien La fortifier ne Secroitce que de pieux et de terre ( ?) dabort
dix mille Hommes aussy actifs que des ennemys qui ont Leur vie
à sauver travailleront promptement et se mettront
[45] à Couvert des incursions du petit nombre de gens Harcelés
et depouvus, qui nous resteront dans Lesté ils y feront
de fortes murailles en attendant que La France puisse armer
une flotte pour Les venir attaquer. Mais penseton de
bonne Foy que La France s’en embarassera beaucoup quand
[50] elle voira que nous nous seront rendus miserables par notre
faute Et nos idées chimeriques de nous pouvoir deffendre
sans fortifications quil Lessoit a nostre option et jugement
+ Enfin si la ville est une fois prise Comment tous les habitants pourront ils subsister sils ne se rendent à discretion Ã
Lennemy voiront ils Egorger de sang froid leurs femmes et leurs enfants, passeront ils en France et Comment ~ pouront
[55] ils subsister sans Le Secours des moissons quils ne pouront ny deffendre ny recueillir si Lennemy ne le leur permet
resisteront ils bien aux Sollicitations pressantes de Langlois qui les bourera ( ?) de bel argent pour les denrées qui luy
promettra mons et merveilles, La faim et La misere Change bien Les gens Ceux qui soutiendront se …ront( ?) abandon
ne sans secours et obligé de perir de misere. Ce nest pas tout on dit qu’on a point droit de capituler lorsque La ville.
nest point murée. Cest à Messieurs Du militaire à juger de tout Cela ils cognoissent et Les dangers et Les moyens dy remedier.